Deuxième publication suite à la venue de Philippe Ridet. Cette fois-ci, l'étudiant est sorti du rêve. voilà le sujet :
Vous
avez vécu en France. Votre image idéalisée de la France ne correspondait pas
tout à fait à la réalité. Pour le blog de l’Alliance française de Turin, la
clique du 60, vous décrivez votre confrontation avec la réalité. Racontez-nous
vos surprises positives ou négatives.
En septembre 2011, j'ai déménagé en France, à Rouen. J'y suis restée pour toute
une année scolaire, dans le cadre Erasmus, même si, d'abord, j'avais le plan
d'y habiter seulement jusqu'à janvier, pour le premier semestre. Dès mon
arrivée, j'ai compris que j'aurais voulu y rester le plus long temps possible.
Ma
petite vie indépendante se déroulait entre le campus universitaire et le
quartier hyper mignon où j'habitais, dans le centre ville. Tous les jours,
j'avais un rendez-vous fixe avec la boulangerie de la Croix de Pierre, près de
chez moi. J'y allais pour acheter du pain, précisément une baguette «campagne».
Mais lorsque j'étais dans la queue (toujours très longue), j'avais à mon côté le
banc de la pâtisserie et de la viennoiserie. J'attendais mon tour, et dans
l'attente je regardais la plus merveilleuse sélection de gâteaux que j'ai
jamais vu dans ma vie. Petites tartes aux fruits, meringues, gâteaux au
chocolat de mille types, macarons, et puis encore les petits biscuits, et je
sais pas quoi d'autre, avant d'arriver à l'extraordinaire viennoiserie,
croissants, pains au chocolat, croissants aux amandes (mes préférés), et je
pourrais continuer avec une liste infinie qui, enfin, me donnerait seulement de
l'eau à la bouche. Bref, au moment de mon tour, je ne pouvais pas commander
seulement une baguette, mais je devais essayer une de ces créations
incroyables. Je n'ai jamais été déçue. Puis, j'aimais me promener dans le
centre de Rouen, une ville magnifique dont je voulais connaître tous les petits
coins et les habitudes des résidents.
Pourtant,
si d'une côté j'adorais ma vie quotidienne, la ville et la région de la
Normandie que j'ai eu la chance de visiter, de l'autre côté je suis tombée sur
certains clichés français désagréables. Tout d'abord, je n'ai pas réussi à me
mêler avec les locaux, et pourtant j'ai essayé. Mes camarades français de la
faculté ont toujours été méfiants et distants de moi, malgré ils me
connaissaient par mon prénom et on parlait de temps en temps, ils avaient même
du mal à me saluer le matin et à me parler. Ceux avec lesquels je parlais un
peu plus avaient tout de même beaucoup de préjugés vis-à-vis de moi, soit parce
que j'étais italienne, soit parce que j'étais étrangère. Nous avions les mêmes
devoirs, les mêmes épreuves du contrôle continu et finales, donc je n'étais pas
favorisée (en tant que étudiante Erasmus) de la côté scolaire, ce qui aurait pu
être une bonne raison pour ne m'aimer pas. À un moment donné j'ai cessé
d'essayer de leur plaire, ou bien de les connaître. Je n'ai pas l'intention de
généraliser, mais, entre une quarantaine des étudiants de mon âge, peut-être
plus, avec lesquels j'ai suivi des cours et parlé, personne s'est comporté
d'une façon différente. Au moins, je n'ai pas été moquée pour mon accent
italien, comme il est arrivé à un ami à moi, qui une fois s'est aperçu que un
camarade à lui était en train de prendre une vidéo de lui lorsqu'il parlait
devant toute la classe!
Il
m'est arrivé plusieurs fois d'être mal jugée à cause de ma nationalité, même
dans des bureaux administratifs. Lors de mon déménagement dans une résidence
universitaire, j'ai été menacée par la directrice de ce bureau, sur la base
d'être italienne: j'aurais été expulsée et elle aurait écrit à mon université,
dans le cas où j'eusse fait du bruit ou participé aux fêtes organisées dans les
cuisines communes. La menace elle-même était en fait plutôt ridicule, mais elle
me disait tout cela avant de me donner les clés, elle ne me connaissait pas
donc elle n'avait aucun élément pour pervenir à certaines conclusions, sauf que
celui-ci: «Moi je vous connais bien, vous les espagnols, avec vos fêtes...!»,
et cetera, et ça va sans dire que le fait que j'étais italienne, et pas
espagnole, ne changeait rien pour elle.
Certes,
tout cela a été un élément négatif de mon séjour en France. Avant partir, je
craignais que je n'aurais pas fait connaissance avec des français. Je me
demandais aussi si les français, en général, avaient vraiment une mentalité
fermée vers les non-français, et si vraiment ils se sentaient supérieurs à
tous, comme le cliché nous dit. Malheureusement, cette peur s'était
matérialisée. Quelque temps après le mauvais accueil dans la résidence
universitaire, j'ai reçu des excuses officielles par téléphone. Moi je n'avais
rien dit à personne, ni j'avais déposé aucune plainte, mais apparemment une
collègue de la directrice avait assisté à la scène et avait décidé de signaler
l'épisode aux supérieurs. Enfin, l'appelle que j'ai reçu a été une satisfaction
énorme pour moi. Si j'étais contente d'habiter à Rouen, si je recevais des
satisfaisons dans les cours, si les professeurs ont toujours été gentils et
disponibles avec moi, et pas seulement eux, si tout simplement j'aimais la vie
à Rouen, je sentais que je ne pouvais pas partir avec l'amer dans la bouche. Je
ne pouvais pas croire que tous les français étaient méchants, pleins de
préjugés, bien que j'aie eu des exemples contraires, la sensation était trop
forte, j'avais vécu trop d'expériences négatives et j'étais déçue. L'appelle
d'excuses a résolu cela, ou au moins elle a fait quelque chose dans cette
direction.
Enfin,
les clichés ont, je crois, une partie de vérité. Ce qui est important c'est de
n'y pas croire trop, et surtout de ne pas agir et conduire notre vie sur leur
base. On reste toujours étonné, et d'être étonnés positivement c'est l'une des
satisfactions de la vie, il faut donc nous ouvrir à cette possibilité.
Anna
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