Lors de la rencontre du dimanche 24 janvier à Palazzo Madama, dans le cadre du cycle "Ceci n'est pas un cours", nous avons échangé autour du vaste thème de l'art et des émotions. Après avoir discuté et fait part de leurs expériences, les participants se sont promenés dans le musée et arrêtés devant des œuvres qui, pour une raison ou pour une autre, les ont touchés. Ils ont ensuite partagé leurs impressions et émotions avec le groupe... en voici quelques extraits.
"Je suis restée étonnée par un plafond de Palazzo Madama. En hiver on peut découvrir, seulement en regardant vers le haut, la beauté et le désir de printemps... sentir l'air frais et le soleil pâle d'un après-midi calme... Imaginez-vous dans un jardin secret, loin du bruit de la ville où le temps se repose avec nous. Différents types de fleurs, des oiseaux, des plantes : une fenêtre sur l'âme"
(Alessandra)
« Dimanche 24 janvier, atelier très sympa dans le cadre magnifique de Palazzo Madama.
Je choisis ce tableau car j'aime sa lumière. J'aime aussi la simplicité et la candeur des personnages
Un beau tableau et une belle journée. »
(Maurizio)
« Au cours de nos visites dans les musées, faute de temps, la quantité de détails et d’œuvres qui risquent d'échapper à notre attention est bien évidemment considérable. Dans les salles du Palazzo Madama à Turin, par exemple, les regards sont attirés par le célèbre Antonello da Messina ou par d’autres œuvres connues, de sorte qu'un tableau comme le portrait de Tommaso Valperga di Caluso, peint par François Xavier Fabre, est forcement négligé.
Le
peintre français, ami de Vittorio Alfieri et de la comtesse
d’Albany, représente ici le maître des intellectuels piémontais
de la fin du dix-huitième siècle, un savant qui en son temps était
connu comme «la Bibliothèque vivante» ou «le nouveau Montaigne»,
ou encore «le deuxième Pythagore». On reste intrigués par la
passion intellectuelle de ces érudits d'autrefois, comme le
naturaliste Lacépède qui, à ce qu'on dit, pendant la Terreur
n'avait comme seul souci que son traité : l'«Histoire naturelle des
poissons». (Paolo)
Le
regard de "l'anonyme"
" Dans
le grandiose Palazzo Madama, il y a quelque part, je ne vous dirais
pas où, une petite salle un peu cachée, pas visible au premier
regard et pas trop illuminée. Et bien, si on la trouve, on y
entrerais à pas léger, car il y règne une atmosphère
particulière.
Dans
cette ambiance un peu sombre, on peut percevoir que quelqu'un nous
regarde, on sent ses yeux sur nous. Mais ce n'est pas possible, il n'y a
personne !
Un
autre pas en avant et nous sommes attirés par une lumière claire
qui brille au fond de la toute petite salle. Derrière une glace, un
objet du passé est là pour être regarder.. Un vieux et grand
livre, riche d'images d'or et d'écritures incompréhensibles nous
attire. On se baisse pour essayer de comprendre de
quoi il s'agit et... Il est là. On se retourne un peu et on le voit finalement. Dans un petit cadre en bois sombre, sur un fond
complètement noir, le voilà. On s'approche de la glace avec
curiosité. Un homme nous regarde. C'est qui ? On ne sais pas. Pas de
nom, pas d'indices.. Il y a seulement lui, avec son manteau rouge et
son chapeau noir, qui finit quelque part dans le fond lui aussi noir.
Mais surtout, il y a son visage et son regard.
Cet homme sans âge et sans nom, fixe ses yeux dans les nôtres avec la
profondité de la mer et la chaleur du feu. "Et alors ?! Que-est
ce que tu as à regarder, toi ?!" Il semble nous chuchoter à mi-voix. Et on reste là..un peu troublés, un peu gênés. Et il
continue son monologue. "Et alors ?! Tu as perdu la parole ?!"
Et on reste immobile.. En cherchant quelque chose à répondre à
ce défi ! Car oui, c'est un défi ! Il nous regarde avec son air
important, sa fierté... Ses yeux sont deux points
noirs qui nous laisse tomber dans nos pensées pour y trouver des
réponses. On ne prononce pas un mot et alors il nous sourit,
toujours superbe. Quand on quitte la salle, on sent encore ses yeux dans notre dos et on revient à la réalité.. Avec quelque chose..
D'anonyme."
(Valentina)
" DEUX
ENFANTS"
"Le bébé reçoit un cadeau précieux. Il est étonné, curieux, impatient de découvrir l’objet qu’on va lui donner. « Que-ce-que c’est ? » Il ouvre la coupe avec un geste naturel pour voir ce qu’il y a dedans. Son corps nu et dodu est en mouvement, petits coups de pied assis sur les genoux de sa mère, sa main droite avec deux doigts ouverts. Autour de lui sa famille et les gens qui l’adorent et le fêtent, mais son attention est seulement pour le mystérieux cadeau et la lumière aussi met en relief son émerveillement.
Un
enfant seul sur le tableau. C'est un petit prince, habillé avec les
vêtements somptueux de son rang, une épée au côté gauche. Le
visage blanc, ovale, avec les joues d’un rose artificiel. Les yeux
noirs ne nous regardent pas. Son regard timide est un peu incliné et
se perd dans le vide. Ses lèvres rouges et minces tentent un timide
sourire. Sa main gauche avec les doigts fuselés dans une pose
d’autorité.
La main droite disparait dans le noir du fond. On entend sa pensée :
« quand le peintre aura-t-il terminé mon portrait ? »
(Maria)
Chapeau à Maurizio, Alessandra, Paolo, Valentina et Maria ! Je sais où se trouve la cachette pour voir le tableau de Valentina... Et c'est vrai que son regard laisse songeur... On dirait qu'il nous regarde un peu de haut, de façon sévère.
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